Œuvres in situ

jusqu’au 31 décembre 2024
Acheter un billet
Ryan Gander, I... I... I…, 2019.
Fermer Ryan Gander, I... I... I…, 2019. © Ryan Gander. Courtesy de l'artiste et Pinault Collection. Photo Aurélien Mole

La volonté de privilégier le dialogue entre les oeuvres et leur contexte architectural, naturel et urbain est en effet un trait fort de l’identité des musées de la Collection Pinault. A Venise, les marbres et les plafonds peints du Palazzo Grassi, les murs de brique et les poutres de la Pointe de la Douane, dialoguent avec les reflets changeants de l’eau… Ces éléments non-standard, dont on aurait pu redouter qu’ils contraignent – voire compromettent – la présentation des œuvres, sont au contraire une source d’inspiration pour les artistes. Ils sont aussi une manière de proposer aux visiteurs une expérience de l’art singulière, contextualisée, « ici et maintenant ».

 

Maurizio Cattelan

Artiste polymorphe, sculpteur, performeur, éditeur et programmateur, Maurizio Cattelan s’est imposé par une production dont les formes spectaculaires soulignent les contradictions de la société contemporaine. Others (2011), l’inquiétante escadrille de pigeons empaillés, postés sur les balcons intérieurs du troisième étage de la Bourse de Commerce en est un parfait exemple : « plus vrais que nature », immobiles, ils suscitent une surprise amusée mêlée « d’inquiétante étrangeté ». Ils demeurent posés là comme une alerte, le signe d’une chose à garder à l’oeil, dont il faudrait se méfier. Et si leur prolifération, bientôt leur omniprésence, dérangeait déjà ? 

S’il n’était un acteur majeur de la scène contemporaine, Maurizio Cattelan, adepte du paradoxe, de la provocation et de l’ironie féroce, pourrait se faire passer – toujours avec humour – pour un artiste à la marge. Né en 1960 à Padoue, il vit et travaille entre Milan et New York. 

« L’humour est une manière de communiquer qui permet de dépasser l’obstacle de la timidité. » Avec sa série des « Z paintings »(1995-1996), il s’amuse à dénaturer le travail de l’artiste conceptuel Lucio Fontana par une série de toiles monochromes qu’il entaille d’un Z, en référence à Zorro. Avec Nona Ora (Neuvième Heure, 1999), il présente une sculpture grandeur nature du pape Jean-Paul II écrasé par une météorite. Him (2001), représente Hitler infantilisé, jouant avec la banalité du mal absolu… Untitled (2007), trophée inversé donnant de la tête dans un mur de brique de la Punta della Dogana, est un autre de ces jeux de massacre, renversant, une surprise mêlée d’effroi, un rire mêlé de gêne, toujours jaune, grinçant, dévastateur.
 

Ryan Gander

Auteur d’une œuvre protéiforme, Ryan Gander (né en 1976 à Chester) vit et travaille à Londres. Il emploie tous les médiums pour interroger les mécanismes de perception d’une œuvre d’art dans un rapport complexe entre réalité et fiction. Ses œuvres parlent toutes, d’une façon ou d’une autre, d’absence, de perte, d’invisibilité, de latence. Avec Ever After: A trilogy (I… I… I…) (2019), Ryan Gander met en scène une souris animatronique qui bégaye, surprenant les visiteurs qui attendent l’ascenseur depuis un trou creusé dans le mur. Prisonnière de sa « boucle » animée, cette improbable souris, condamnée à vivre cycles après cycles, jusqu’à épuisement, nous donne à penser et à sourire sur notre propre condition.

Martin Kippenberger

Un drôle de lampadaire en pointillés s'est lové dans l'architecture de la Bourse de Commerce. Il s'agit de l'œuvre Ohne Titel réalisée en 1989 par l'artiste allemand Martin Kippenberger.

Cumulant tous les vices dans leur mélancolie antihéroïque, non seulement les lampadaires de Kippenberger sont déformés par l'ivresse, mais ils mènent avec leur ampoule rouge au "Rotlichtviertel", le quartier au règne la prostitution. Ces compagnons d'errances nocturnes deviennent autant d'alter-ego de l'artiste.

Fidèles à l'attitude anticonformiste de Kippenberger, comme l'écrit l'historien d'art Didier Ottinger, "ouvertes à toutes les métamorphoses, leurs circonvolutions miment les idéaux corrompus,(...) les projets qui bégaient. Serpent hérétique qui se mord la queue, le lampadaire devient l'image des ambitions avortées, celle de l'idéalisme incurable".

Philippe Parreno

Avec ses teintes changeantes intermittentes, ce « phare » transcrit en code le roman mythique et inachevé de René Daumal (1908-1944), récit publié à titre posthume en 1951. Il transmet dans le ciel de Paris le message de cette aventure fantastique, métaphysique, racontant la découverte et l’ascension collective d’une montagne unissant le ciel à la terre. Une quête sans fin, une aventure impossible, une métaphore de l’art et de son utopie. Philippe Parreno a conçu pour la Bourse de Commerce une nouvelle version de cette installation in situ. Reconfiguration, réminiscence, nouvel avatar d’une oeuvre créée en 2001 et centrale pour Parreno, Mont Analogue est installée au sommet d’un ouvrage unique, témoin architectural du site à la Renaissance, anciennement palais de Catherine de Médicis. Cette colonne, symbole du pouvoir royal autant qu’éminence ésotérique (la légende raconte en effet que les astrologues de la reine – dont les plus connus furent Cosimo Ruggieri et Nostradamus – y observaient les étoiles) devient un phare depuis lequel l’artiste diffuse à la ville un autre message. C'est sous la forme d’un code mystérieux, que l’artiste nous invite à découvrir les mondes invisibles, possibles, intangibles, de l’art.

Philippe Parreno (né en 1964, en Algérie) formé aux Beaux-Arts de Grenoble et à l’Institut des hautes études en arts plastiques de Paris, explore les ressources de l’exposition comme médium. Convaincu, que le projet prime sur l’objet, son intérêt pour une approche dynamique et collaborative de l’art le pousse à travailler avec d’autres artistes – tels Pierre Huyghe, Tino Sehgal, Douglas Gordon et Dominique Gonzalez-Foerster, … – afin de repenser de manière radicale le concept d’exposition. Parreno intervient souvent sur les mécanismes de fonctionnement de la manifestation, en créant des environnements où se succèdent des éléments éphémères ou d’une durée variable, et en faisant de l’exposition même un objet artistique. Dans les années 2000, ses films se peuplent de fantômes et d’automates, reflets d’une interrogation sur la partition entre fiction et réel, récit et origines. Ils se déroulent dans un espace poétique ponctué de fortes références au monde de la science-fiction, des sciences et sciences occultes, de la philosophie et de la fable.

Ouverture du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi
Nocturne jusqu’à 21h le vendredi

Plein Tarif : 14€
Tarif 18-26 et autres réductions : 10 € 
Entrée gratuite sans réservation après 16h pour les porteurs de la carte Super Cercle.
Accès illimité et prioritaire avec la Carte Membership 

 

Consultez notre app'

L’app en ligne propose des contenus audios sur l’histoire du bâtiment et les expositions.

Les expositions