Les spectateurs munis d’un billet peuvent arriver à tout moment, jusqu’à 30 minutes avant la fin du concert.
La Bourse de Commerce et le label new-yorkais Blank Forms présentent Earth Horns with Electronic Drone de l’artiste japonais Yoshi Wada (1943-2021) pour la première fois en France.
Né à Kyoto en 1943, Yoshi Wada obtient son diplôme de sculpture à l’université des arts de la ville de Kyoto avant de s’établir aux États-Unis en 1967. Il y rejoint le mouvement Fluxus – suite à sa rencontre avec son fondateur, George Maciunas – et approfondit ses études musicales : composition avec La Monte Young, chant indien du Nord avec Pandit Pran Nath, et cornemuse écossaise avec James McIntosh et Nancy Crutcher. Ces expériences formatrices façonnent l’approche très personnelle de Yoshi Wada : un mélange d’expérimentations avec des matériaux bruts, un sens de la durée et un gout pour les phénomènes acoustiques.
Au début des années 1970, Yoshi Wada crée de grandes cornes à souffler – dont certaines mesurent plus de neuf mètres de long – les Pipe Horns, évoquant des corps tibétains et alpins surdimensionnés. Ces instruments bricolés, amplifiés par des microphones de contact et filtrés par des oscillateurs et des circuits de rétroaction, produisent des bourdons puissants et résonnants. En 1974, l’enregistrement en public d’Earth Horns with Electronic Drone témoigne de ses premières explorations avec ces instruments.
Comme il l’expliquera plus tard : « A l’époque où j’ai commencé à fabriquer des trompes en terre, je ne voulais pas d’instruments traditionnels. Je gagnais ma vie en faisant des travaux de plomberie et, un jour, j’ai ramassé un bout de tuyau, j’ai soufflé dedans et j’ai obtenu un son très agréable. J’ai donc commencé à fabriquer des instruments à l’aide de tuyaux et de raccords de plomberie. J’en étais fier. Pour créer des instruments de musique à partir de rien, il faut passer beaucoup de temps à expérimenter. »
Le système électronique modulaire, conçu par Liz Phillips et Yoshi Wada, capte en temps réel les sons des Pipe Horns et produit un drone électronique continu, réinjecté dans la salle pour créer un nouveau cycle sonore. Il en résulte un environnement sonore dynamique où les sons primordiaux des Pipe Horns, se mêlent et se transforment par la pureté des sons électroniques.
« Tous les changements deviennent des modulations d’un même environnement acoustique résonnant. Ce qui m’intéresse le plus, c’est l’effet psychologique de ces sons subtils et de ces mouvements sur les interprètes comme sur le public, surtout lorsqu’ils sont joués sur une longue période. »
Le système électronique a été reconstruit avec des technologies modernes par Ezra Buchla, en collaboration avec Liz Phillips et Tashi Wada, grâce au soutien généreux de la Bourse de Commerce, dans le cadre d’un effort continu visant à préserver et à présenter l’art et l’héritage de Yoshi Wada.
Compositeur, artiste et pionnier du son minimaliste, Yoshi Wada (1943–2021) a été une figure incontournable de la scène expérimentale new-yorkaise pendant plus de cinquante ans. Yoshi Wada a exercé une influence majeure et durable sur plusieurs générations d’artistes et de musiciens. Au cours de la dernière décennie de sa vie, il a collaboré étroitement avec son fils, le compositeur et musicien Tashi Wada, qui supervise aujourd’hui sa succession et ses archives.
Le compositeur et interprète Tashi Wada a étudié la composition à CalArts auprès de James Tenney et a longtemps joué aux côtés de son père, Yoshi Wada. Il collabore avec de nombreux artistes, parmi lesquels Charles Curtis, Simone Forti et Julia Holter, et dirige le label Saltern. Son dernier album, What Is Not Strange?, est sorti en 2024 chez RVNG Intl.
