Hommage à Julius Eastman
Fermer Portrait de Julius Eastman. Photo Marbeth. Droits réservés.
Concert
Les 30 septembre et 1er octobre

Hommage à Julius Eastman

Mathieu Kleyebe Abonnenc, artiste français, et Jean-Christophe Marti, directeur musical, conçoivent un programme en deux soirées autour du compositeur et pianiste américain Julius Eastman (1940-1990). Depuis le début des années 2010, et notamment grâce à l’invitation d’Okwui Enwezor durant la Triennale « Intense Proximité» au Palais de Tokyo à Paris (2012), l’oeuvre de Julius Eastman est redécouverte et suscite un intérêt croissant.

30 septembre : N*gg*r series de 19h30 à 22h30

En 1979, Julius Eastman compose trois oeuvres N*gg*r series : Crazy N*gg*r, Evil N*gg*er et Gay Guerrilla. Ces pièces font tout autant appel à l’humour pince-sans-rire de l’humoriste africain-américain Richard Pryor (That N*gg*r is crazy, 1975), qu’à des problématiques plus profondes et engagées en lien avec la lutte pour l’égalité raciale. Le tryptique sera interprété par les pianistes Wilhem Latchoumia, Haga Ratovo, Sodi Braide et Antoine Alerini à l'Auditorium de la Bourse de Commerce — Pinault Collection.  

1er octobre : Prelude to the Holy Presence of Joan d’Arc ; Our Father ; Feu de Joie ; Semper Dolens de 21h30 à 23h 

En 1980, Julius Eastman créé The Holy Presence of Joan d’Arc pour 10 violoncelles précédé d’un Prelude pour voix seule, interprété par le baryton Edwin Fardini à l'Auditorium de la Bourse de Commerce — Pinault Collection. Sa création se raréfie de plus en plus au fil des années 1980 jusqu'à Our Father (1989), interprété par Edwin Fardini et le ténor Mathys Lagier. 

Dans le cadre de cette dernière soirée de concerts, deux pièces de Mary Jane Leach, compositrice américaine et principale archiviste de l’œuvre de Julius Eastman, seront également présentées à l’Auditorium de la Bourse de Commerce — Pinault Collection. La bassoniste Dafne Vicente-Sandoval interprètera Feu de Joie (1992) et le flutiste John Also Bennett Semper Dolens (2018).

 

Julius Eastman

Figure reconnue de l’avant-garde musicale new-yorkaise, Julius Eastman est un compositeur, chanteur, pianiste, danseur et performer africain-américain, né en 1940 à Ithaca et mort à Buffalo en 1990. Artiste singulier de la musique américaine moderne, il étudie le chant et le piano dans son enfance. Il est l’auteur d’une œuvre à la fois explosive, militante, méditative, voire rituelle, qui cite autant la musique classique que populaire ou sacrée. Son premier triomphe public a lieu en 1970 dans Eight Songs for a Mad King de Peter Maxwell Davies, opéra dont il interprète le rôle unique, celui du roi fou George III. La même année, il rencontre le compositeur et flûtiste tchèque Petr Kotik avec lequel il fonde le S.E.M. Ensemble, groupe de musique de chambre influencé par l’esprit subversif de Fluxus. Pour ce groupe, Julius Eastman réalise Macle (1972), Joy Boy (1974) et Femenine (1974), compositions qui excèdent le cadre strict du « minimalisme » et qui manifestent de plus en plus fortement son identité gay. En 1982, une rupture intervient dans sa vie et son œuvre. Expulsé de son appartement, il perd alors une grande partie de ses manuscrits. Il meurt dans l’oubli à Buffalo, à 49 ans.