Le billet donne accès à l’Exposition Minimal.
En résonance avec l’exposition « Minimal », la Bourse de Commerce présente un programme de concerts, performances, lectures et projections. Lors des nocturnes du vendredi, des films d’artistes de l’exposition – Charlotte Posenenske, Richard Serra, Nancy Holt, Walter De Maria et Agnes Martin – sont présentés à l’Auditorium, à partir de 19h.
Le cycle se poursuit avec une séance consacrée aux films de l’artiste plasticien américain Richard Serra (1938-2024). La plupart de ses premiers films, réalisés à partir de 1968, présentent de courtes actions : une main tente d’attraper au vol des morceaux de plomb, deux mains attachées se libèrent d’une corde, Tina tourne. Par la suite, son travail prend une dimension plus politique, explorant théorie de l’information, médias et perception.
Programme
- Frame, 1969.
Richard Serra. Film 16 mm noir et blanc, muet, 21 min. Caméra : Robert Fiore.
Dans Frame, Richard Serra effectue une série de mesures à l'aide d'une petite règle de quinze centimètres, démontrant la disparité entre ce que l'on voit à travers l'objectif d'un appareil photo et la perception visuelle directe du même espace. Dans un loft new-yorkais, une fenêtre apparemment rectangulaire se révèle en réalité être un trapèze.
- Tina Turning, 1969.
Richard Serra. Film 16 mm noir et blanc, muet, 2 min 34. Caméra : Robert Fiore.
Dans Tina Turning, l’artiste Tina Girouard pivote sur elle-même, jusqu’à perdre l’équilibre et disparaître hors du champ.
- Color-Aid, 1971.
Richard Serra. Film 16 mm couleur, son, 33 min 44. Caméra : Robert Fiore.
Intitulé d’après les échantillons de papiers colorés de la Color-aid Corporation, Color-Aid de Richard Serra, son unique film 16 mm en couleur, explore la perception visuelle. Les doigts de l’artiste retirent successivement d’une pile de papier une feuille colorée, interrompant brièvement le plan.
- Paul Revere, 1971.
Richard Serra. Film 16 mm noir et blanc, son, 7 min 25.
Né d’une collaboration avec la vidéaste Joan Jonas, l’œuvre fait référence à Paul Revere (1735-1818), patriote américain qui inventa un signal lumineux secret pour avertir de l’arrivée des troupes britanniques pendant la Révolution américaine. En utilisant certains éléments de ce signal, le film révèle les limites inhérentes à différents systèmes de communication.
- Anxious Automation, 1971.
Richard Serra et Joan Jonas. Vidéo noir et blanc, son, 4 min 20. Bande sonore : Philip Glass.
Dans cette vidéo, Joan Jonas exécute une série de courtes actions. L’œuvre combine les images de deux caméras effectuant des zooms avant et arrière à des vitesses différentes, tandis que le compositeur Philip Glass frappe en décalage sur un micro, créant une disjonction entre le temps et l’espace, entre le son et la vue.
- Surprise Attack, 1973.
Richard Serra. Vidéo noir et blanc, son, 1 min 53. Caméra : Babette Mangolte.
La caméra se concentre sur les avant-bras de Richard Serra tandis qu’il lance un morceau de plomb d’une main à l’autre et récite un extrait de Thomas Schelling sur la théorie des jeux et le potentiel de violence.
- Hand Catching Lead, 1968.
Richard Serra. Film 16 mm noir et blanc, muet, 3 min 15. Caméra : Robert Fiore.
Dans Hand Catching Lead, premier film de Richard Serra, sa main droite apparaît à l’écran, tentant d’attraper au vol des morceaux de plomb, s’ouvrant et se refermant à chaque tentative. À mesure que le film progresse, l'effort devient plus visible, et la main se fatigue.
- Hands Tied, 1968.
Richard Serra. Film 16 mm noir et blanc, muet, 5 min 55. Caméra : Robert Fiore.
Plutôt qu’une simple tâche, Hands Tied est une performance en soi, qui dure le temps nécessaire à Richard Serra, les mains liées par une corde, pour en défaire les nœuds.
- Hands Scraping, 1968.
Richard Serra et Philip Glass. Film 16 mm noir et blanc, muet, 4 min 02. Caméra : Robert Fiore.
Le film met en scène une chorégraphie des mains : celles de Richard Serra et du compositeur Philip Glass, aux caractéristiques physiques différentes, interagissant naturellement pour débarrasser méthodiquement le sol de copeaux de plomb, créant un rythme qui dépasse la simple exécution d’une tâche.
- Hand Lead Fulcrum, 1968.
Richard Serra. Film 16 mm noir et blanc, muet, 2 min 38. Caméra : Robert Fiore.
Comme dans les autres films de Richard Serra centrés sur les mains, Hand Lead Fulcrum met en scène une tâche accomplie en temps réel dans l’espace limité du cadre. Il tient à bout de bras un ruban de plomb en haut de l'image, et le film s'achève lorsque l'effort le contraint à baisser le bras hors-champ.
- Television Delivers People, 1973.
Richard Serra et Carlota Schoolman. Vidéo couleur, son, 6 min 28.
Diffusée en 1973 à la télévision – les deux artistes ayant acheté du temps d’antenne – Television Delivers People, un texte jaune sur fond bleu défilant à l’écran, accompagné d’une bande-son un peu kitsch de musique d’ascenseur, est l’une des premières œuvres à explorer la relation entre les médias de masse et leur public. Les spectateurs sont confrontés à des affirmations critiques les invitant à réfléchir à leur propre comportement face à la télévision.
- Boomerang, 1974.
Nancy Holt et Richard Serra. Vidéo couleur, son, 10 min 47.
Enregistrée dans une station de télévision à Amarillo, au Texas, Boomerang montre l’artiste Nancy Holt, dans un studio télévisé bleu, narrant son expérience immédiate d’être filmée, tandis que ses propres paroles lui sont renvoyées au casque avec un délai de quelques secondes. Nancy Holt explore ainsi la relation entre la génération de pensées et la réaction à leurs expressions, alors qu’elles reviennent en boomerang, réintégrant son processus de réflexion et de verbalisation.