The Master Musicians of Jajouka
Concert
Le 25 mai

The Master Musicians of Jajouka dirigés par Bachir Attar

Concert dans l'Auditorium, assis.

En écho à l’exposition « Forever Sixties, l’esprit des années 1960 dans la Collection Pinault » au couvent des Jacobins à Rennes en juin 2023, la Bourse de Commerce présente un concert exceptionnel des Master Musicians of Jajouka dirigés par Bachir Attar, désigné par l’écrivain américain beat William S. Burroughs comme le « seul groupe de rock'n'roll vieux de 4 000 ans ». 

Jajouka est le nom d'un petit village marocain perché dans les contreforts des montagnes du Rif,  à une centaine de kilomètres de Tanger, grande ville portuaire du pays. Il abrite le sanctuaire du maître soufi Sidi Hamid Cheikh, qui aurait offert au clan Attar, fondateur du village, un pouvoir de guérison des maladies mentales et physiques par la musique. Depuis des millénaires, la musique de Jajouka se transmet de génération en génération, tissant une toile de pièces musicales folkloriques aux rythmes transcendants et complexes, jouée sur des instruments traditionnels comme la nira (flûte de bambou), la ghaita (hautbois du Maghreb) ou le bendir (instrument à percussion). 

Durant les années 1950, écrivains et poètes de la Beat generation débarquent au Maroc, loin de l’Amérique conservatrice, en quête d’un pays qui leur offrirait toutes les libertés. À Tanger, les nuits sont animées par le restaurant Les Mille et une nuits, ouvert par l’artiste britannique Brion Gysin et le peintre marocain Mohamed Hamri, où se produisent les Master Musicians of Jajouka, faisant découvrir leur musique aux auditeurs occidentaux, transportés dans des états de transe. Né à Jajouka, Mohamed Hamri y conduit un jour Brion Gysin, fasciné par les sonorités soufi du groupe, lui montrant le chemin pour accéder au village, dans les montagnes escarpées. En 1968, le Britannique joue les enregistrements de Jajouka à son ami et rock star Brian Jones, guitariste et fondateur en 1962 des Rolling Stones, trouvant dans leurs boucles rythmiques un écho à celles du rock psychédélique. Ensemble, ils se rendent à Jajouka, où Brian Jones enregistre sur le terrain sept heures de bandes, éditées à son retour à Londres, et publiées de manière posthume en 1971 sous le nom de Brian Jones Presents the Pipes of Pan at Jajouka. L’album fait de Jajouka une destination mythique pour passionnés de musique et musiciens, comme le saxophoniste de free jazz Ornette Coleman qui y capte des parties de son album Dancing in Your Head (1977). 

Leur dernier album Dancing Under the Moon (2022), enregistré en 2019 dans les montagnes du Rif, est une ode au mysticisme de Jajouka.