Née dans une famille aristocratique en 1923 à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie, Emahoy Tsege Mariam Guebru connaît l’exil dès ses 6 ans, envoyée en Europe pour faire ses études, où débute son éducation musicale – elle y apprend le violon et le piano. De retour en Ethiopie, après un deuxième exil sur l’île d’Asinara lors de la seconde guerre italo-éthiopienne, elle obtient une bourse musicale de l’Académie royale de Londres. De malheureuses circonstances empêchent son départ et Emahoy Tsege Mariam Guebru est contrainte de rester en Ethiopie. Anéantie, elle se retire à 19 ans dans un monastère où elle est ordonnée religieuse. Elle décide de continuer à étudier la musique, écrit des compositions pour violon, piano et orgue, et publie au bout de vingt ans ses premiers enregistrements, où se mêlent influences européennes et tradition éthiopienne avec une liberté de forme unique, au tempo n’obéissant à aucune règle stricte, ralentissant et accélérant comme au gré du hasard. Longtemps méconnue, son œuvre musicale aérienne et mélancolique fusionnant délicatement piano classique, ragtime, gospel et musique folklorique éthiopienne, est révélée en 2006 par la collection de disques Ethiopiques. C’est ainsi que la compositrice Maya Dunietz la découvre et, fascinée par ses pièces hors du temps, décide de partir à sa recherche. Elle retrouve sa trace au Monastère éthiopien de Jérusalem, où Emahoy Tsege Mariam Guebru vit depuis les années 1980. Elles tissent des liens étroits, de sorte qu’Emahoy Tsege Mariam Guebru lui confie ses partitions – véritable travail d’archéologie musicale pour Maya Dunietz qui les déchiffre patiemment et méticuleusement pendant des mois, proposant en 2013 une première publication de ses pièces pour piano et entamant une série de concerts où elle interprète son œuvre. Emahoy Tsege Mariam Guebru est décédée en mars 2023, continuant de pratiquer la musique jusqu’à la fin de sa vie sur son piano droit.
