Melissa Dubbin & Aaron S. Davidson

Melissa Dubbin & Aaron S. Davidson

Melissa Dubbin & Aaron S. Davidson

In 2016, Pinault Collection’s artists residency welcomed its first occupants, Melissa Dubbin and Aaron S. Davidson. They look back on their immersion in the area.

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Melissa and Aaron had established links with France before their residency began. They were in fact in Paris in 2014, when Caroline Bourgeois informed them that they had been selected for the Pinault Collection’s new project, an artists’ residency in northern France: “We have been shaping and adjusting our lives and projects to accommodate this yearlong residency… all the while wondering, ‘will this really happen?’” Melissa and Aaron had a year and a half to prepare for the move from their Brooklyn studio to the French mining basin, over 5,000 kilometres away. They began researching the area and studied the city, the history of the region was somewhat familiar to both of them, as they both have distant family ties to mining. Aaron’s grandfather also volunteered as a fighter pilot in the RAF during WWII and told stories of his flights over this flat country: “The histories of mining and war in our pasts transcend a specific location.” The opportunities presented by this residency are exceptional for them: “A residency such as this one is able to sustain and encourage significant growth in our work.”

For Melissa and Aaron, Lens is both a refuge and a source of inspiration: “There are two slag heaps near our house, the Louvre is down the street: the influence of this area is palpable… Even as we do something as simple as gardening, we are reminded of it through what we find in the soil.” They confront these devastated lands and the tormented history of mining with more personal references, from Chris Marker’s La Jetée to the writings of Ursula K. Le Guin: “It is a place of self-devastation that has been affected by catastrophe after catastrophe. We’re trying to establish connections between this landscape and things that may initially seem unrelated”.

“There are two slag heaps near our house, the Louvre is down the street: the influence of this area is palpable… Even as we do something as simple as gardening, we are reminded of it through what we find in the soil.”

As they studied geological samples of the town, they visualized the prehistoric forest buried beneath them: “That image has been really active in our imagination throughout the time we’ve been here. I imagine it as very vertical, almost present,” explains Melissa. The proximity of the Louvre-Lens encouraged them to study this underground life and the possibility of an eventual cultural shift: “An inversion took place: the mining stopped, but had already unearthed a vast hidden terrain, the terrils which now define the landscape. It was replaced by cultural tourism, which now includes taking artworks and storing them underground to protect them. These artworks are returned to the source of raw materials that in part created the problem.”

Melissa et Aaron avaient déjà des liens avec la France. D’ailleurs, c’est à Paris, en 2014, que Caroline Bourgeois leur apprend qu’ils ont été sélectionnés pour le nouveau projet de Pinault Collection, une résidence dans le nord de la France : « Nous avons ajusté notre vie et nos projets à cette année de résidence à venir… tout en nous demandant si cela était bien réel ». Pendant un an et demi, Melissa et Aaron préparent leur expatriation, depuis leur studio à Brooklyn, New York, à cinq mille kilomètres du bassin minier. Ils sondent l’actualité de la région et survolent la ville sur Google Earth. Ils ne sont pas étrangers à l’histoire de ce territoire. Ils sont tous deux issus de familles de mineurs. Le grand-père d’Aaron a même été pilote volontaire dans la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans son journal, il raconte ses vols au-dessus du plat pays : « Des récits de mines et de guerre sont présents dans nos histoires. Elles transcendent notre simple appartenance à un territoire particulier ». L’enjeu de la résidence, pour eux, est de taille : « Une résidence comme celle-ci permet d’accompagner la croissance significative de notre travail ».

Pour Melissa et Aaron, Lens est à la fois un refuge et une source d’inspiration : « Chaque jour, deux terrils en face de nous, le Louvre au bout de la rue, l’influence de ce territoire ne peut être ignorée… il pénètre notre quotidien et se rappelle à nous, même quand nous jardinons ». Ils rapprochent ces terres détruites et l’histoire tourmentée de la mine à des références plus personnelles. De La Jetée de Chris Marker aux ouvrages d’Ursula K. Le Guin : « C’est une zone auto-dévastée qui a connu des catastrophes successives. Nous essayons de trouver des connections entre ce paysage et des éléments appartenant à notre univers, qui pourraient paraître étrangers mais qui ne le sont pas ». Alors qu’ils étudient les relevés géologiques de la ville, ils se figurent une forêt préhistorique engloutie sous leurs pieds – « cette image a été très active depuis notre arrivée et nourrit notre imaginaire. Je l’imagine, là, très présente, presque verticale » confie Melissa. La proximité du Louvre-Lens les invite à se poser la question de la vie souterraine et d’un éventuel tournant culturel : « Il y a eu cette inversion : l’industrie minière qui consistait à sortir le charbon des profondeurs a été remplacée par le tourisme culturel qui implique maintenant d’enterrer les œuvres d’art pour les protéger. Ces dernières retournent à l’endroit où est partiellement né le problème ».

« Ici, nous avons trouvé une méthodologie qui sera facile à transposer à New York. Nous avons créé un cadre de travail qui pourra continuer à fonctionner en dehors de cet espace ».

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Au quotidien, Melissa et Aaron s’engagent à la fois dans la production d’œuvres « qui se donnent à voir rapidement » et des projets au long court faisant intervenir d’autres corps de métier. À Lens, ils poursuivent notamment un travail débuté aux États-Unis, d'interaction entre des céramiques et du son. Certaines d’entre elles étaient exposées dans les galeries Untilthen et Campoli Presti, à Paris, en avril 2016, en parallèle de leur vidéo Nobody Shoots a Broken Horn.

« [Depuis notre arrivée à Lens,] nous avons également travaillé à modifier l’ancrage d’images sur toile en utilisant du sel, du nitrate d’argent et le cuivre de câbles recyclés ». Ces tableaux sont à la jonction de la proto-photographie et des moyens modernes de transmission de l’image et du son. Les câbles agissent comme partie intégrante de la formation de l’image mais aussi comme des filtres conduisant le son. Des liseuses cassées, dont la dernière page lue par son ancien propriétaire reste capturée à l’écran, peuplent également leur atelier. Une autre manière d’explorer les idées de filtre et de fixation de l’image.

Les artistes ont également entrepris une série de sculptures avec des souffleurs de verre de laboratoire. Contrairement à ces derniers qui font disparaître les imperfections lors du processus de chauffe, Melissa et Aaron veulent rendre la vie aux défauts de ces objets, ces distorsions habituellement effacées.

Enfin, l’étude de soufflets les conduit vers l’investigation d’une nouvelle série en cours. Ils les observent d’abord sur les zooms des appareils photo puis dans certains instruments de musique, avant de s’intéresser à des structures plus complexes composant notamment les housses de protection ou habits pour robots : « Ainsi, nous nous sommes mis à créer ces housses de protection. Nos expérimentations vont de la création d’habits pour des robots de tous types, existants ou de notre invention. Nous aimerions aussi que cette enveloppe puisse acquérir sa propre autonomie ».

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