Marlene Dumas : un podcast pour découvrir sa vie et son exposition au Palazzo Grassi

Marlene Dumas. open-end
Podcast
15.02.23

Marlene Dumas : un podcast pour découvrir sa vie et son exposition au Palazzo Grassi

À l'occasion de la grande exposition personnelle de Marlene Dumas en Italie, Palazzo Grassi a produit avec Chora Media « Une sorte de tendresse. Marlene Dumas entre mots et images », un podcast retraçant l'histoire de l'artiste et la mise en place de l'exposition « open-end » à travers ses mots.

Temps de lecture
4 mn

Écrit par Ivan Carozzi, auteur et écrivain, le projet implique de nombreuses personnalités de la scène culturelle internationale - la philosophe Adriana Cavarero, le lauréat du Prix Strega Walter Siti, les écrivaines Olivia Laing et Marlene van Niekerk, les historiens de l'art Donatien Grau et Elisabeth Lebovici, la conservatrice Caroline Bourgeois et le personnel de Palazzo Grassi - appelées à composer un récit choral sur les thèmes et l'univers artistique de Marlene Dumas : prostitution, culpabilité et innocence, masculinité et corps féminin, violence et tendresse. On y trouve également un regard latéral sur les icônes de dévotion laïque de l'artiste sud-africain, qui mène à une enquête intime et inédite sur des visages connus de l'histoire récente, de Charles Baudelaire à Oscar Wilde.

Ce projet éditorial sans précédent vise à faire découvrir l'univers de l'artiste de manière autonome, dans le cadre des activités d'accessibilité et d'approfondissement scientifique de Palazzo Grassi, sous la forme d'un produit audio inclusif, créé pour être mis à la disposition de l'ensemble du public italien et international.
Il est possible d'écouter gratuitement le podcast, en deux épisodes pour chaque langue qui est proposée - italien, français et anglais - sur les plateformes Spreaker, Spotify o Apple.

Un professeur de Marlene Dumas au Cap a déclaré un jour qu'il appréciait dans son ancienne étudiante la « manière effroyablement libre de regarder, de demander, d'indiquer, d'interroger, de se moquer, de risquer et de plaisanter ».

D’un hémisphère à l’autre. Vie et histoires de Marlene Dumas

Le premier épisode retrace les grandes étapes de la biographie de l'artiste, de son enfance jusqu'à ce qu'elle soit considérée comme l'une des artistes les plus influentes de la scène artistique contemporaine. Marlene Dumas raconte quelques anecdotes sur l’importance particulière de grandir dans la seconde moitié du XXe siècle dans la Kuils River, une région semi-rurale située à vingt-cinq kilomètres du Cap dans l'Afrique du Sud, de l'apartheid.

Lorsque j'ai terminé mes études à l'université du Cap, j'ai postulé pour quelques bourses d'études et j'ai obtenu une bourse de deux ans pour étudier l'art à l'étranger. À cette époque, tous ceux qui s'occupaient d'art moderne considéraient que l'endroit le plus intéressant était New York. Mais, moi, je ne me sentais pas prête à y aller, en fait, franchement, j'avais peur d'aller à New York, j'avais peur du monde de l'art new-yorkais parce que je n'étais pas encore sûre de ce que je voulais faire ; j'ai donc pensé commencer par l'Europe et que, grâce à la proximité de ma langue avec la langue néerlandaise, je me sentirais plus à l'aise en Hollande.

À l'âge de vingt-trois ans, elle s'installe à Amsterdam, où elle vit et travaille toujours, et se retrouve catapultée dans une ville qui devient un lieu où règnent la liberté et l'expérimentation, et qui est fréquenté par des hippies du monde entier. Dans les années 1970, Amsterdam est le Magish Centrum, le centre magique d'Europe.

L'artiste commence à exposer, à l'âge de vingt-cinq ans, au Stedelijk Museum d'Amsterdam. En 1982, elle participe à l'exposition Documenta à Kassel, en Allemagne, mais en 1984, le nom de Marlene Dumas est encore peu connu.

Elle est invitée en Australie, à la Biennale de Sydney, où elle expose aux côtés de l'artiste américain Mike Kelley et de l'artiste allemand Anselm Kiefer. Alors qu'on accorde de grands espaces à ses deux collègues, elle se voit attribuer un espace plus restreint, ce qui la pousse, c'est ce que raconte Marlene Dumas en personne, à s'engager et à entrer en compétition avec davantage de détermination.

open-end. Marlene Dumas à Venise

Le second épisode se concentre en particulier sur le voyage des œuvres sélectionnées pour faire partie de l'exposition « open-end jusqu'à Venise, à travers les récits de ceux qui ont contribué à la mise en place de l'exposition à Palazzo Grassi. En présentant des figures professionnelles qui travaillent à Palazzo Grassi, on peut découvrir, à travers leurs mots, les mécanismes qui se cachent derrière la préparation d'une exposition. C'est ainsi que Marco Ferraris, responsable du bureau des expositions de Palazzo Grassi - Punta della Dogana, explique ce à quoi il s'emploie :

« En fait, nous sommes ce groupe de travail qui essaie de traduire le plus fidèlement possible ce dont a besoin l'artiste pour produire son œuvre et, s'il s'agit de tableaux, pour pouvoir les exposer de la meilleure façon en termes d'éclairage et d'espace. D'une certaine manière, nous restons ceux qui doivent réussir à entrer dans l'obsession de chaque artiste. Chaque artiste est différent, et a une obsession différente, nous devons donc essayer de penser dans cette perspective spécifique et trouver les bonnes personnes avec qui collaborer. »

Un des aspects de la production de Marlene Dumas est son intérêt pour les personnages littéraires et pour leurs visages, notamment le portrait au visage renfrogné de Pier Paolo Pasolini en 2012. 

« Je dois admettre que Pasolini était un homme très séduisant. Je ne me souviens pas exactement du moment où je suis devenu une de ses fans, mais je me souviens encore du jour où j'ai fait de l'auto-stop à Paris pour voir son film Salò. Et je l'ai vu en italien avec des sous-titres français, si bien que je ne pouvais rien comprendre, je regardais juste les images. Ce qui m'intéressait, c'était les liens de Pasolini avec la politique, la religion et le sacré ; et puis, dans Mamma Roma, il y avait la relation mère-fils. J'ai toujours pensé que c'était merveilleux de pouvoir trouver différents types d'histoires d'amour dans ses films. »