Enrique Ramirez

Ramirez

Enrique Ramirez

De septembre 2020 à juin 2021, la Collection Pinault accueille Enrique Ramírez, le septième invité de son programme de résidence d’artistes à Lens.

Né en 1979 à Santiago de Chile, au Chili, Enrique Ramírez vit et travaille entre Paris, Bruxelles et Santiago de Chile.

Enrique Ramírez a grandi sous la dictature de Pinochet. Dans un de ses premiers films, Brises (2009), un homme traverse à l’envers le palais présidentiel chilien de la Moneda, brave par là-même un interdit et interroge le cours de l’histoire. Le triptyque Los Durmientes (2014) qui avait été

présenté au Palais de Tokyo dans une exposition éponyme, rappelle la disparition de milliers de victimes, attachées à des rails et jetées à la mer au cours de cette période. Pour lui, l’Histoire n’est pas une chose abstraite qu’on doit apprendre à l’école. Elle est ce qui façonne notre imaginaire.

Son travail évoque aussi ce que nous appelons la « découverte » de l’Amérique. Le personnage d’Un Hombre que camina (2011-2014), qui traverse le lac asséché du désert de sel du Salar d’Uyuni en Bolivie, porte un masque qui ressemble à ceux que revêtaient les Indiens pour faire peur aux

conquistadors. Une critique de la colonisation. Aller voir de l’autre côté, c’est le désir des conquérants comme celui des exilés qui n’atteindront pas toujours leur destination. Sur la mer se croisent aujourd’hui les énormes cargos emblématiques du commerce international et les frêles embarcations des candidats à l’immigration. Les photographies, le livre et l’installation vidéo du projet Horizon (2009) parlent des rêves et des drames des ouvriers et des aventuriers de la mer mais aussi de ceux qui rêvent d’une vie meilleure. Le travail d’Enrique Ramírez, ni bavard ni abstrait, nous touche par la beauté de ses images, par la musique, la poésie de ses textes et le rythme de ses longs plans.

C’est une œuvre tournée vers la mer. Pour son projet Océan (2013), il a filmé en un seul plan-séquence, les 23 jours de traversée d'un porte-conteneurs, de Valparaiso jusqu'aux Pays-Bas. Seul sur le bateau avec l'équipage, il a documenté le travail des marins et décrit l'univers du commerce maritime à l'heure de la mondialisation en une série de 51 courts métrages et un journal de bord. Les nombreux entretiens réalisés par Enrique Ramírez nous apprennent l'histoire de Valparaiso et celle du canal de Panama mais aussi les conditions de vie des marins ukrainiens qui transportent des fruits chiliens jusqu'à Saint-Pétersbourg, sur un bateau appartenant à une compagnie hollandaise et battant pavillon des îles Marshall.

Enrique Ramírez ne s’enferme pas dans un genre artistique. A côté du cinéma et de la vidéo, ses photographies, ses dessins, ses objets et installations révèlent son sens délicat de la composition et sa capacité à travailler dans l’espace. Son travail permet de rester en éveil : il nourrit à la fois notre conscience politique et notre sensibilité au potentiel poétique du monde.

En 2022, une exposition lui sera consacrée au Fresnoy – Studio national des arts contemporains, à Tourcoing, au moment de sa résidence à Lens.