Les Journées du Patrimoine « Edith Dekyndt. Aria of Inertia »

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Les Journées du Patrimoine « Edith Dekyndt. Aria of Inertia »

Les 17 et 18 septembre prochains, l'exposition « Edith Dekyndt. Aria of Inertia » est présentée par la Collection Pinault, à l'occasion des Journées européennes du patrimoine, dans l’ancien hôpital Laennec, au 40 rue de Sèvres à Paris



Les 17 et 18 septembre prochains, Kering participera pour la septième fois consécutive aux Journées européennes du patrimoine en ouvrant les portes de son siège, l’ancien hôpital Laennec, au 40 rue de Sèvres à Paris. Comme chaque année, depuis la réouverture du lieu en 2016, la Collection Pinault s’associe à cet événement et présentera, dans la chapelle de Laennec, une exposition d’œuvres de l’artiste belge Edith Dekyndt. Intitulée « Aria of Inertia », cette exposition qui propose une sélection d’œuvres de la Collection Pinault et de nouvelles productions, a été conçue pour l’espace très singulier de la chapelle de l’ancien hôpital Laennec. Les œuvres ont été choisies ou créées, et installées en dialogue avec cet espace patrimonial atypique. Ces interactions entre patrimoine et création contemporaine sont au cœur des musées de la Collection Pinault, de Venise (Palazzo Grassi — Punta della Dogana) à Paris (Bourse de Commerce).

Une exposition de la Collection Pinault dans le cadre de Women In Motion, un programme de Kering

Commissaires : Emma Lavigne et Alexandra Bordes

 

Women In Motion

Cette exposition de la Collection Pinault s’inscrit, pour la première fois dans le cadre de Women In Motion, un programme de Kering qui met en lumière les femmes dans les arts et la culture. Initié dès 2015 dans le monde du cinéma, Women In Motion s’est depuis étendu à la photographie avec notamment un partenariat avec les Rencontres d’Arles, à la musique, à la chorégraphie, à l’art ou encore au design.

 

L’exposition

La force de l’œuvre d’Edith Dekyndt se nourrit de la conviction que tout objet est un organisme vivant qui interfère et résonne avec l’environnement qui l’accueille. L’artiste reconsidère sans arrêt la place de l’humain et sa relation à son environnement. Réarticulant ce qui a été séparé – l’apparence et la réalité, la subjectivité et la nature, l’inerte et le vivant – l’œuvre d’Edith Dekyndt invite à repenser nos attentes, nos habitudes, à nous dessiller. 
Intitulée « Aria of Inertia », l’exposition nous met en présence de la puissance d’être au monde, même dans les moindres manifestations du vivant. Toutes les œuvres présentées ici, qu’elles soient monumentales ou plus intimes, soulignent cette vitalité. Elle entre en correspondance avec le thème des Journées du Patrimoine 2022, « Patrimoine durable ». 
La première œuvre qui trouble le visiteur entrant s’intitule Visitation Zone (2020), un ensemble de vivariums et d’aquariums provenant du zoo de Riga, présentée initialement lors de la biennale qui s’est déroulée dans la capitale lettone. Visitation Zone s’installe cette fois dans la Chapelle de Laennec et réactive les thèmes chers à l’artiste : décomposition, disparition, l’interaction. Figures de la préservation et forme récurrente dans le travail de l’artiste, les aquariums et vivariums désormais vides laissent voir la trace passée des animaux qui les occupaient (taches, poussières, rayures, fissures, salissures…). Cet ensemble sculptural fantomatique est associé à une chorégraphie : une femme se meut lentement, dans une gestuelle banale (déplacement, nettoyage) et attentive à l’espace environnant que structurent les contenants vitrés. Ces gestes de la vie domestique, souvent accomplis par les femmes, et généralement effectué, loin des regards, avant l’ouverture au public, aux clients, aux visiteurs, mettent en évidence une alliance ambiguë qui se nimbe d’une mystérieuse spiritualité. À travers cette œuvre, l’histoire de Laennec, les soins prodigués aux incurables, leur vie monastique, résonnent à nouveau dans cette chapelle.
À proximité, Edith Dekyndt continue l’exploration de ses matériaux de prédilection : « la lumière, l’eau ou les étoffes qui ont la propriété de bouger, de se transformer ou même de disparaître tout à fait ». Comme Visitation Zone, ils se font vecteurs de cette force d’inertie qui fait foyer, de cette appropriation équivoque qui agit à rebours de la domestication, dissipe les clivages et défait les autorités.
Dans un jeu de lumière entre les vivariums laissés au sol et les vitraux de l’ancienne église, un tissu en velours dont la couleur se fond avec les murs de la chapelle rappelle l’attachement de l’artiste à ces industries textiles du Nord, celles des délicates broderies qu’elle complexifie en utilisant des brisures de verre. Ce qui a été fracturé est réparé, recomposé. De ces deux matériaux des plus communs – tissu et verre –, Edith Dekyndt nous donne à voir des images et des moments sublimés, tous issus de processus physiques naturels qui font se mouvoir les effets et les métamorphoser à l’infini. 
Dans le prolongement de l’allée centrale, devant l’autel et sur près de sept mètres de hauteur se déroule un tissu constitué de bandes bleues et blanches. Cette étoffe a été ensevelie au contact direct de la terre pendant plusieurs mois : minéraux, racines, bactéries et insectes s’y sont fichés, en créant des transparences à certains endroits, des reliefs à d’autres. Certaines parties du tissu n’ont été que légèrement lésées, tandis que d’autres sont complètement détruites. Aujourd’hui déroulée depuis le plafond, comme une extension terrestre de celui-ci, à la fois fantomatique et profondément ancrée dans sa matérialité, cette œuvre précipite les visiteurs dans « une dimension fabuleuse où les choses inanimées prennent vie ».

En écho à ses œuvres qui naissent à Laennec, les œuvres de la Collection qu’il s’agisse de Winter Drums 06 B (Tryptic), 2017 ; Winter Drums 04, 2016 ; Blood lacque 013, 2017 ; ou bien encore The Kingdom (Morsum 08), 2017 témoignent de ses recherches plastiques, presque alchimiques, qui l’ont amenée à utiliser les matériaux les plus divers (résine, sang de cheval, tissu, verre acrylique…) et les porter à un degré d’épure contemplatif et réflexif. Convoquant souvent des matériaux organiques chargés symboliquement, l’artiste cherche à nous confronter à l’inéluctable transformation du vivant, en révélant ce qui reste imperceptible car éphémère et intrinsèquement variable.

 

Biographie

« Les phénomènes du monde me fascinent. Les ondes, la physique, le microscopique et le macroscopique. C’est quand même étonnant que tout cela fonctionne. On est tellement habitué à la pesanteur qu’on trouve ça normal. Il suffirait d’un rien en moins ou en plus, d’un tout petit changement pour que cette donnée n’existe plus. C’est pour cela que je montre les objets tels qu’ils sont, l’existence fascinante des choses. »
Edith Dekyndt


Née en 1960 à Ypres, Belgique, Edith Dekyndt vit et travaille à Bruxelles et Berlin. Edith Dekyndt a été la deuxième artiste invitée dans la résidence d’artiste Pinault Collection à Lens, de septembre 2016 à juin 2017.
Le travail d’Edith Dekyndt a été exposé dans des institutions internationales, telles que la Biennale internationale d’art contemporain de Riga, Lettonie (2020) ; Biennale de Taipei, Taïwan (2020) ; Kunsthalle Hamburg, Allemagne (2019) ; BiennalSur, Buenos Aires, Argentine ( 2019) ; TANK, Shanghai, Chine (2019) ; Punta della Dogana, Pinault Collection, Venise, Italie (2019) ; Biennale de Venise, Italie (2017) ; Museo Nacional de Bellas Artes in Havana, Cuba (2015) ; Toledo Museum, Ohio, USA (2015) ; Pulitzer Arts Foundation, St Louis, Michigan (2014) ; Kunsthalle, Vienna (2014) ; Cultural Center of Belgrade (2014) ; Biennale de Lyon (2013) ; Moscow Biennale (2013) ; MOMA, New York (2011) ; Mac’s, Grand’Hornu (2009) ; Witte de With, Rotterdam (2009).
Ses expositions personnelles récentes incluent Concentrated Form of Non-Material Energy, Stiftung St. Matthaüs, Berlin (2022) ; Visitation Zone, Part. II, Le Marais, Le Val St Germain (2021) ; The Ghost Year, Greta Meert Gallery, Bruxelles (2020) ; The White, The Black, The Blue, Kunsthaus Hamburg (2019) ; Blind Objects, Carl Freedman Gallery, Londres, (2017) ; They Shoot Horses, Konrad Fischer Gallery, Berlin, (2017) ; Air, rain, pain, wind, sweat, tears, fear, yeast, heat, pleasure, salt, dust, dreams, odors, noises, humidity, DAAD Gallery, Berlin, (2016) ; Ombre indigène, Wiels, Bruxelles (2016) et Théorème des foudres, Le Consortium, Dijon, France (2015).
Ses œuvres sont présentes dans des collections publiques et privées telles que Centre Pompidou, (Paris), Moma (New York), Skulptur Park de Cologne, Crandford Collection (Londres), Albright-Knox Collection (New York), CNAP, (Paris), Pinault Collection (Paris), Kunsthalle Hamburg, Allemagne, Buffalo Museum, (USA), Kadist Collection (Paris), MUDAM (Luxembourg), Kunst Museum (Lichtenstein), Cadic (Amsterdam), FRAC Picardie, Frac Lorraine, Frac Bretagne, Frac Pays de la Loire, Frac Alsace, Frac Réunion, (France), Mukha (Anvers), BPS 22 (Charleroi).
Edith Dekyndt a été artiste en résidence au Banff Centre for Arts, Canada, 2004 ; University of Manitoba, Winnipeg, Canada, 2006 ; Program Gallery, Berlin, 2007 ; University of Nijmegen, Netherland, 2011, University of Hasselt, 2012 ; Ne’-Na Artspace, Chiang Mai, Thaïlande, 2013 et 2014 ; Akumal Résidence, Mexique, 2012 ; DAAD Künstlerprogramm, Berlin, 2015-2016 ; Pinault Collection, Lens, 2017. En 2019, elle a reçu le Finkenwerder Art Prize.