Luc Tuymans présente Kerry James Marshall
Fermer Luc Tuymans, octobre 2018. Courtesy Palazzo Grassi S.p.a. Photo Mateo De Fina.
Conférence
Le 18 septembre

Cycle L’artiste présente — Luc Tuymans présente Kerry James Marshall

Conçu en hommage aux célèbres conférences « Artists on Artists » de la Dia Art Foundation, ce cycle de rencontres invite un artiste à partager son point de vue, son regard, sur l’oeuvre d’un autre artiste exposé à la Bourse de Commerce — Pinault Collection. Pour cette première édition, « Luc Tuymans, peintre belge, en conversation avec Marc Donnadieu, conservateur en chef au musée de l'Élysée à Lausanne, à propos de l’œuvre de Kerry James Marshall.

Luc Tuymans

Né en 1958 à Mortsel, en Belgique, Luc Tuymans vit et travaille à Anvers. Artiste parmi les plus influents de la scène artistique internationale, il s’est consacré à la peinture figurative depuis le milieu des années 1980 et a contribué, tout au long de sa carrière, à la renaissance de ce médium dans l’art contemporain. Ses oeuvres traitent de questions liées au passé et à l’histoire plus récente, et abordent les sujets du quotidien à travers un répertoire d’images empruntées aux sphères personnelle et publique – la presse, la télévision, internet. L’artiste parle de l’imaginaire transformé par le monde des médias et utilise aussi des images trouvées sur le web, ou des photographies saisies avec son téléphone portable, qu’il imprime et rephotographie. Sa palette, jamais excessive, se compose de tonalités grises ou astel, fondues dans une lumière insolite ; il en émane une inquiétante étrangeté apte à déclencher – selon ses propres termes – une « falsification authentique » de la réalité. Les oeuvres de Luc Tuymans se confrontent aussi à l’histoire et aux faits divers : l’artiste aborde des thématiques comme le grand rêve américain, l’horreur du nazisme, le post-colonialisme… Son oeuvre a fait l’objet d’une rétrospective inédite au Palazzo Grassi, à Venise, en 2019, intitulée «La Pelle».

Kerry James Marshall

Kerry James Marshall (né en 1955, l’artiste travaille à Chicago) insère des figures noires dans des archétypes de l’histoire de l’art dont elles sont restées exclues. Sa série Supermodel s’ancre dans la culture pop et dans l’univers de la musique avec une citation de l’album éponyme, sorti en 1992, par la drag-queen culte RuPaul. Marshall revisite les icônes de l’histoire de la peinture classique occidentale. Avec Untitled (2012) par exemple, il livre une variation des figures couchées de la Renaissance : traversant toute la composition, un homme nu, en chaussettes, allongé sur un couvre-lit de fourrure, tenant le drapeau panafricain devant son sexe, éclairé par la blancheur glacée des draps du lit, fait figure de nouvelle Olympia, jouant des codes du célèbre tableau d’ Édouard Manet. Prenant à la lettre l’application d’un unique adjectif à des carnations plurielles, il accentue et magnifie ces peaux noires par des pigments tels que l’oxyde de fer. Inventeur de son propre canon, il unit la tradition de la peinture d’histoire occidentale à celle de la peinture africaine, présente dans la facture et la palette. Professeur, Kerry James Marshall a vu ses oeuvres entrer en collection dans d’importantes institutions, il a ouvert la voie à des peintres engagés, telle Lynette Yiadom-Boakye.